PARIS – Canal Plus Group, groupe de télévision payante détenu par Vivendi, est poursuivi par des guildes françaises représentant des auteurs, des compositeurs et des éditeurs de musique, qui affirment que la société a violé ses contrats en ne payant pas de droits pendant plusieurs mois
SACD (société d'auteurs et compositeurs), SACEM (auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), SCAM (guilde des auteurs multimédia) et ADAGP (Société des Auteurs des Arts Graphiques et Plastiques), qui collectent des redevances et les redistribuent Aux auteurs, ont intenté un procès devant la Haute Cour de Paris en demandant le paiement de redevances en souffrance de Canal Plus d'un montant estimé à 50 millions d'euros, selon un initié de l'industrie.
La plainte allègue que Canal Plus a cessé de payer des auteurs afin d'encourager une renégociation de ses contrats avec les corporations et d'obtenir une négociation sur les redevances en souffrance dans le cadre du plan de la société visant à économiser 300 millions d'euros d'ici 2018. Plus d'un an, Ces redevances s'élèvent à environ 100 millions d'euros, selon une source travaillant au SACD.
Le groupe Canal Plus a refusé de commenter les allégations.
Lorsque Vivendi a dévoilé ses résultats semestriels en août 2016 et a annoncé des pertes de 106 millions d'euros pour le Groupe Canal Plus, Vivendi a déclaré qu'il avait pour objectif que la société de télévision payante économise 300 millions d'euros d'ici 2018, la moitié de celle-ci en coûts de production Et la programmation. Puis, en février, lors de l'annonce de ses résultats annuels pour 2016, Vivendi a déclaré que Canal Plus Group était sur la bonne voie pour augmenter ses revenus de plus de 5% et un bénéfice d'exploitation de base de 25% en 2017.
Au cours de l'exercice précédent, les émissions de télévision payante de Canal Plus ont diminué de 6,1% en raison de la baisse de la base d'abonnés, qui a perdu 492 000 abonnés en 2016 et a totalisé 5,2 millions d'abonnés d'ici la fin de l'année. Son chiffre d'affaires est tombé à 320 millions de dollars (contre 573 millions de dollars en 2015), tandis que son bénéfice net est tombé à 254 millions de dollars (contre 480 millions en 2015).
Toutes les guildes, à part le SACD, ont dû cesser de distribuer les redevances dues à Canal Plus aux auteurs en l'absence de paiements de Canal Plus. Le SACD a déclaré qu'ils continueront à payer des auteurs au nom de Canal Plus jusqu'à septembre et feront pression pour que le gouvernement intervienne si la situation de Canal Plus est encore bloquée.
C'est la première fois depuis le lancement de Canal Plus en 1984 que la société n'a pas payé d'auteurs pendant plusieurs mois consécutifs. Aucune autre société de médias n'a cessé de payer ces redevances, à l'exception de Numero 23, une petite chaîne de télévision, et le montant dû dans ce cas était mineur.
Plusieurs initiés de l'industrie, notamment Mathieu Debusschere, directeur général de la guilde ARP du film français, allèguent que le déménagement est une démarche délibérée par le chef de Vivendi, Vincent Bolloré, qui a exprimé son intention de mettre "Canal Plus sur son régime . "
Dans les mois à venir, Canal Plus Group devrait entamer des négociations avec les sociétés de cinéastes et les sociétés d'auteurs sur sa fenêtre d'exclusivité pour les nouveaux versements, la distribution numérique et les quotas d'investissement dans le cadre des efforts en cours pour moderniser le système de publication de la fenêtre en France
Debusschere a déclaré que la violation alléguée du contrat du groupe Canal Plus avec les auteurs était perçue comme un signe alarmant par les organismes cinématographiques avant les négociations.
Par ailleurs, le syndicat français des producteurs d'animation menace également une action en justice contre Canal Plus, accusant l'entreprise d'avoir échoué à honorer les accords signés avec des producteurs d'animation français il y a quatre mois. Certains rapports français ont déclaré que Canal Plus essayait de renégocier certaines offres à la baisse d'environ 20% des budgets commandés.