Qui est la princesse Kadjar ? Démêler vérité et légende
La princesse Kadjar n’existe pas en tant qu’entité historique unique. Ce nom regroupe en réalité deux demi-sœurs, princesses perses du XIXe siècle, souvent confondues à cause de photographies circulant sous ce nom sur Internet. Ces clichés, devenus mèmes, alimentent un mythe déformé autour de figures féminines authentiques et engagées.
Origines et confusion autour du nom “princesse Kadjar”
La princesse Fatemeh Khanom, surnommée Esmat al-Dowleh, et sa demi-sœur, la princesse Zahra Khanom, dite Taj al-Saltaneh, sont souvent amalgamées sous le nom « princesse Kadjar » ou « princesse Qajar ». Cette fusion est erronée car il n’y a pas de titre officiel portant ce nom. Elles sont filles du roi Nasir al-Din Shah, souverain de Perse de 1848 à 1896.
Le mélange entretenu par les réseaux sociaux prend la forme d’images montrant une femme au voile flottant, en tutu. On y voit un visage avec un fin duvet au-dessus de la lèvre, qualifié par erreur de “moustache”.
Le mythe de la beauté et des prétendants
- Ces photos virales présentent cette femme comme un modèle absolu de beauté en Perse vers 1900.
- On raconte qu’elle aurait eu 145 prétendants et provoqué le suicide de 13 d’entre eux, ce qui relève clairement d’une légende.
- Certains suggèrent même que ces images seraient celles d’un homme déguisé, mais ces hypothèses manquent de fondement.
Le mythe occulte la réalité de deux princesses aux parcours distincts.
Histoire réelle des princesses Esmat et Taj
Nom | Naissance | Décès | Filiation | Vie et rôle |
---|---|---|---|---|
Princesse Esmat al-Dowleh | 1855 | 1905 | 2e fille de Nasir al-Din Shah | Mariée très jeune, elle vivait recluse au harem sans contact extérieur. |
Princesse Taj al-Saltaneh | 1884 | 1936 | 12e fille de Nasir al-Din Shah | Engagée politiquement, critique du despotisme et du sort des femmes. |
La princesse Esmat a vécu surtout dans la seconde moitié du XIXe siècle, loin du siècle suivant où elle est malencontreusement placée par le mythe. Taj, elle, a laissé des traces écrites, notamment un journal intime où elle défendait des idées progressistes et féministes.
Représentation esthétique à l’époque Qajar
Le chah Nasir al-Din Shah reçut un appareil photo de la reine Victoria, faisant de lui l’un des premiers photographes en Perse. Il prit beaucoup d’images de son harem où les femmes portaient des vêtements inspirés des ballets russes, d’où les tutus.
Contrairement aux standards actuels, les femmes à l’époque étaient valorisées pour leur rondeur et leur duvet au-dessus des lèvres, considéré comme un signe de beauté. Plusieurs dessins l’illustrent dans un style esthétique positif. Cette pilosité faciale était normale et appréciée.
La professeure Afsaneh Najmabadi de Harvard confirme que la moustache légère était courante chez les femmes et ne faisait pas obstacle à leur statut social ou à leur attractivité.
Féminisme et engagement des princesses
- Taj al-Saltaneh critique l’oppression et souhaite des réformes, écrivant notamment dans son journal intime.
- Son autobiographie demande la libération des femmes, exprime le désir de progrès et de dévoilement.
- Esmat al-Dowleh pratiquait la photographie et le piano, disciplines peu accessibles aux femmes du temps.
Ces princesses sont loin de l’image superficielle véhiculée par les mèmes. Elles furent des figures progressistes, conscientisées aux Lumières et engagées dans des débats politiques et sociaux.
Impact et mésinterprétation contemporaine
Le mème de la “princesse Kadjar” déforme leur histoire en réduisant ces figures à un simple symbole esthétique. Toutefois, il suscite aussi une curiosité renouvelée sur la dynastie Qajar, leur origine turkmène et l’histoire perse du XIXe siècle.
La confusion profite aux réseaux sociaux mais dessert la mémoire historique authentique. Ces princesses méritent qu’on lise leurs vies avec rigueur et respect plutôt qu’à travers un voile de fausses histoires.
Points clés à retenir
- La princesse Kadjar n’est qu’une identité créée par amalgamation de deux vraies princesses, Esmat al-Dowleh et Taj al-Saltaneh.
- Ces femmes ont vécu au XIXe siècle, sous le règne du roi Nasir al-Din Shah, avec des vies et destins différents.
- Les critères de beauté perses valorisaient la rondeur et la pilosité faciale féminine.
- Taj al-Saltaneh fut une figure progressiste et féministe, critique du régime et du sort des femmes.
- Le mythe viral dénature leur histoire, mais invite aussi à s’intéresser à la dynastie Qajar et à la Perse ancienne.
La vérité fascinante sur la princesse Kadjar : mythe, histoire et féminisme au cœur de la Perse
La « princesse Kadjar » n’existe pas exactement telle qu’on l’imagine. Elle est plutôt un amalgame erroné de deux princesses perses aux histoires riches, mais déformées par les réseaux sociaux. Cette figure mystérieuse, souvent décrite comme une icône moustachue de beauté du début du XXe siècle, cache en réalité des personnalités complexes, engagées et progressistes. Alors, qui est cette fameuse princesse Kadjar et pourquoi se retrouve-t-elle au centre d’un brouhaha historique amplifié par Internet ? Préparez-vous à démêler les fils entre mèmes, vérités et combats féminins, tout en voyageant dans une Perse méconnue.
Une légende née sur Internet : la princesse Kadjar et ses prétendants suicidés
Sur les réseaux sociaux, une image circule, montrant une femme en tutu, voilée, légèrement rondelette, avec un duvet sur la lèvre supérieure – ce fameux « duvet » pris à tort pour une moustache. Cette femme, baptisée « princesse Kadjar », est présentée comme une véritable icône beauté perse, ceinture noire de charme, adulée au point d’avoir repoussé 145 prétendants, provoquant le désespoir et même le suicide de 13 nobles prétendants. Vous vous dites peut-être : « Quelle destinatrice tragique ! » Pourtant, ce récit est un savant mélange de fausses informations et dépasse largement la réalité historique.
Certains internautes vont même jusqu’à supposer qu’il s’agirait d’un homme déguisé, d’une fausse princesse destinée à créer le buzz. Mais la vérité est moins sensationnelle, beaucoup plus nuancée.
Qui sont les véritables princesses derrière ce mythe ?
Commençons par un point important : le titre de « princesse Kadjar » n’existe pas formellement. Kadjar (ou Qajar) correspond en fait au nom de la dynastie qui a régné sur la Perse de 1794 à 1925. Les photos qui circulent ne représentent pas une seule femme, mais deux demi-sœurs, filles du shah Nasser al-Din (ou Nassereddine) : Fatemeh Khanom, dite Esmat al-Dowleh, née en 1855 et morte en 1905, et sa demi-sœur Zahra Khanom, surnommée Taj al-Saltaneh, née en 1884 et morte en 1936.
Ces deux femmes ont vécu à une époque où la Perse, sous la dynastie Qajar, était en pleine mutation, entre traditions fortes et arrivée timide des influences occidentales.
Un regard sur leur vie : réalité versus légende
La princesse Esmat al-Dowleh a passé la majeure partie de sa vie dans le harem de son père. Mariée très jeune, vers 9 ou 10 ans, elle a peu de contact avec le monde extérieur. De toute façon, elle est décédée en 1905, ce qui rend impossible toute identification en tant que muse beauté des années 1900.
Sa demi-sœur, Taj al-Saltaneh, est la 12e fille du roi, et la plus engagée sur le plan social et politique. Son journal intime, publié posthumément en 1982 (intitulé Khaterāt-e Taj Saltaneh), est une mine d’informations sur ses idées progressistes, ses critiques du pouvoir absolu et sa passion pour la monarchie constitutionnelle et les Lumières.
Curieux d’en savoir plus ? Elle fut, en effet, une avocate avant l’heure de l’émancipation féminine et un symbole de courage politique, refutant le voile et militant pour la liberté des femmes.
Photographies et mode : la Perse en tutu et moustaches
Pourquoi ces fameuses photos en tutu et avec ce duvet au-dessus de la lèvre ? Le roi Nasser al-Din, reçu en cadeau un appareil photo par la reine Victoria, fut un des premiers photographes de Perse. Il immortalisait souvent sa famille et les femmes du harem, vêtues d’étonnants tutus, une touche empruntée à un voyage en Russie.
Quant à la pilosité faciale, ce n’était pas un signe d’hygiène négligée, ni une bizarrerie. De manière surprenante, on considère qu’un léger duvet, visible au-dessus des lèvres, était esthétique et considéré comme un critère de beauté. Plusieurs dessins d’époque montrent des femmes avec cette caractéristique, preuve que cela correspondait à un idéal.
L’historienne Afsaneh Najmabadi, professeure à Harvard, rappelle que la moustache était un critère esthétique courant au XIXe siècle en Perse. Ni Esmat al-Dowleh ni Taj al-Saltaneh ne furent pour autant considérées comme des icônes beauté universellement reconnues. Elles reflétaient simplement les normes de leur classe sociale et époque.
Féminisme 19e siècle : ces princesses étaient-elles des pionnières ?
Au-delà des apparences, ces femmes ont marqué leur temps par leurs engagements. La princesse Taj, notamment, a laissé un témoignage vibrant contre le despotisme et en faveur des droits des femmes dans son journal intime. « Quand le jour viendra où je verrai mon sexe émancipé et mon pays sur la voie du progrès, je me sacrifierai sur le champ de bataille de la liberté… » écrivait-elle avec une passion qui traverse les siècles.
Esmat, quant à elle, n’était pas en reste. Choisie par son père pour représenter la famille royale auprès des femmes étrangères, elle apprend la photographie et le piano, des activités exceptionnelles pour une femme de son temps, surtout dans un environnement aussi restrictif que le harem.
Ces princesses ne sont pas que des figures esthétiques. Elles sont aussi des exemples d’émancipation dans un monde patriarcal, bravant les interdits et proposant des réflexions critiques alors que la modernité grondait à leurs portes.
L’impact du mythe aujourd’hui : une porte d’entrée vers la Perse Qajar
Le fameux mème de la « princesse Kadjar » a beau être un patchwork d’erreurs et de simplifications, il a aussi à son crédit d’avoir éveillé la curiosité de beaucoup. Une chose est sûre : au-delà de la simple beauté, il pousse à s’intéresser à une période fascinante de l’histoire perse, à la vie privée des membres de la famille royale et au rôle des femmes dans cette société ancienne.
Il faut cependant se méfier des légendes urbaines qui, sous couvert d’être amusantes ou sensationnelles, eclipsent la vérité. Ces princesses méritent mieux qu’un simple portrait réducteur assorti de mèmes viraux.
Un héritage historique et culturel complexe
La dynastie Qajar, d’origine turkmène, a régné sur la Perse pendant plus d’un siècle, donnant sept rois successifs jusqu’à 1925, année marquant la fin de leur règne avec le règne du dernier monarque : Ahmad Shah.
La famille royale, tout comme ces deux princesses, font partie d’un chapitre majeur de l’histoire iranienne, mêlant conservatismes, influences étrangères et germes de modernité.
En conclusion : la princesse Kadjar est bien plus qu’un simple mème
Alors, la princesse Kadjar, c’est quoi au juste ? Ce n’est ni une pure invention, ni la super-héroïne moustachue d’Internet. Ce sont avant tout Esmat al-Dowleh et Taj al-Saltaneh, deux demi-sœurs, princesses perses au destin singulier.
Le véritable intérêt n’est pas dans le sexe des poils au-dessus d’une lèvre ou dans les prétendants suicidés en masse, mais dans leur combat silencieux et progressiste pour la cause des femmes, leur place dans une société en pleine évolution, et ce regard moderne posé sur une dynastie souvent caricaturée.
La prochaine fois que vous croisez un mème de la « princesse Kadjar », pensez à aller au-delà de la photo et explorez : quelles sont les véritables histoires qui se cachent derrière nos légendes numériques ? Voilà une quête qui vaut bien plus que 145 prétendants malheureux et 13 tragédies romantiques.
À méditer…
Pourquoi sommes-nous si fascinés par une princesse persane à moustache, alors que son patrimoine intellectuel et féministe mérite bien plus d’attention ? Et si les réseaux sociaux pouvaient devenir des tremplins vers la découverte et la vraie connaissance, plutôt que des vecteurs de mythes et simplifications ? Un défi pour notre époque connectée.
Qui est réellement la princesse Kadjar mentionnée sur Internet ?
Il n’existe pas de princesse Kadjar unique. Ce nom regroupe à tort deux demi-sœurs, Fatemeh Khanom (Esmat al-Dowleh) et Zahra Khanom (Taj al-Saltaneh). Elles sont souvent confondues à cause d’anciennes photos partagées en ligne.
Pourquoi ces princesses sont-elles devenues des mèmes sur les réseaux sociaux ?
Certaines photos d’elles ont été diffusées avec des histoires fausses, comme avoir 145 prétendants ou provoquer des suicides. Ces récits sont inventés pour susciter la curiosité et le buzz, mais ne reposent pas sur des faits.
Quels étaient les critères de beauté en Perse au 19e siècle pour ces princesses ?
Une silhouette bien en chair et un duvet au-dessus des lèvres, souvent appelé moustache, étaient valorisés. Ces traits étaient depuis longtemps considérés comme beaux dans la société persane de l’époque.
Quelles actions progressistes ces princesses ont-elles menées ?
Esmat et Taj ont prôné des idées féministes avant-gardistes. Taj a critiqué le despotisme et souhaitait l’émancipation des femmes, tandis qu’Esmat a appris la photographie et le piano, rares pour l’époque.
Quelle est l’origine de la confusion autour du nom “princesse Kadjar” ?
Le terme “Kadjar” est une simplification erronée. Il est utilisé pour désigner deux princesses distinctes de la dynastie Qajar, leur véritable nom de famille, mais aucune n’a officiellement porté ce titre.
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